COVID-19 : des répercussions « massives » sur les pays

  • Au moins 13.5 millions de personnes ne pourront être vaccinées en raison du report des campagnes et de l’interruption de la vaccination de routine. Plusieurs millions d’autres risquent de subir le même sort.
  • Gavi, l’Alliance du Vaccin, soutient en urgence les pays dans leur réponse à la pandémie de maladie à coronavirus COVID-19 et les soutiendra également une fois le confinement terminé, avec des campagnes de vaccination de masse.
  • Pour le Dr Seth Berkley : « Il ne faut pas que la pandémie de COVID-19 entraîne la recrudescence d’autres maladies mortelles comme la rougeole et la poliomyélite. »

    Genève, le 3 avril 2020 – La crise causée par la pandémie de maladie à coronavirus (COVID-19) devrait avoir un effet dévastateur sur les programmes de vaccination des pays les moins développés de la planète selon une nouvelle analyse de Gavi, l’Alliance du Vaccin. Les retards actuels observés dans les campagnes de vaccinations et dans les introductions de nouveaux vaccins signifient qu’au moins 13.5 millions de personnes dans 13 des pays soutenus par Gavi ne seront pas protégés contre des maladies comme la rougeolela poliomyélite et le virus du papillome humain (VPH) ; plusieurs millions d’autres risquent de subir le même sort.

    Gavi, l’Alliance du Vaccin, et ses partenaires s’efforcent urgemment d’assurer la continuité des programmes de vaccination. Cependant, au moins 21 pays à revenu faible et intermédiaire font déjà état de pénuries de vaccins en raison de la fermeture des frontières et de la perturbation des transports aériens.

    Par ailleurs, à ce jour, 14 grandes campagnes de vaccination soutenues par Gavi contre la poliomyélite, la rougeole, le choléra, le VPH, la fièvre jaune et la méningite, ont été reportées, de même que quatre introductions nationales de vaccins. Ces campagnes étaient destinées à vacciner plus de 13.5 millions de personnes. Gavi s’attend à ce que le nombre de personnes ne pouvant être protégées par la vaccination augmente considérablement dans les mois à venir. La plupart, voire la totalité, des campagnes prévues devraient également être reportées, avec de graves répercussions sur les programmes de vaccination systématique en raison du redéploiement des personnels de santé et des mesures de distanciation sociale.

    Gavi s’est engagée à réaffecter immédiatement jusqu’à 10 % des financements destinés au renforcement de systèmes de santé jusqu’à ce qu’un soutien plus important puisse arriver, pour soutenir la riposte des pays au COVID-19. Ce soutien inclus l’achat d’équipements de protection individuelle et de tests diagnostiques, et pour des campagnes de formation et d’information.

    Gavi et ses partenaires de l’Alliance sont prêts à soutenir des campagnes de vaccination de masse dès que les mesures d’urgence seront levées et, sous réserve de ressources suffisantes pour la prochaine période stratégique 2021-2025, à aider à redresser les systèmes de santé, à augmenter les taux de couverture vaccinale et à protéger la nouvelle génération contre ces maladies évitables par la vaccination.

    « Les pays les plus pauvres de la planète ont plus que jamais besoin de l’aide de la communauté internationale pour atténuer les pires effets de la pandémie de COVID-19 et éviter d’être frappés par encore davantage de décès dus à des maladies évitables qui peuvent venir saturer les systèmes de santé », a déclaré le Dr Seth Berkley, Directeur exécutif de Gavi, l’Alliance du Vaccin.

    « Notre Alliance s’efforce d’aider les systèmes de santé et les agents de santé de ces pays à se préparer à affronter la pandémie, mais nous faisons également tout ce que nous pouvons pour éviter des décès supplémentaires en assurant, quand c’est possible, la poursuite des vaccinations de routine et en veillant à la mise en place de campagnes de vaccination de masse dès la fin de la crise actuelle. Il ne faut pas que les enfants qui échappent maintenant à la vaccination restent toute leur vie sans protection contre ces maladies évitables. Il ne faut pas que l’épidémie de COVID-19 entraîne par-dessus le marché le retour d’autres maladies mortelles comme la rougeole ou la poliomyélite. »

    Une analyse de la modélisation de l’Imperial College suggère qu’en l’absence de mesures d’atténuation visant à réduire la propagation du COVID-19, la pandémie pourrait entraîner 12,9 millions de décès dans les 73 pays soutenus par Gavi, contre 0,9 million de décès avec des mesures de suppression strictes visant à stopper la propagation du virus. La mise en place de mesures de confinement strictes représente toutefois un défi colossal pour des populations pauvres qui ne peuvent pas se permettre de rester longtemps confinées chez elles.

    Outre le soutien immédiat aux systèmes de santé des pays qui bénéficient de son aide, Gavi aide aussi au développement des vaccins candidats, de même qu’elle s’implique déjà dans la perspective de leur production, de leur achat et de leur distribution, de façon que ceux qui en ont besoin puissent en bénéficier dès que ces vaccins seront disponibles.

    Le lundi 30 mars, le Groupe stratégique consultatif d’experts de l’OMS sur la vaccination (SAGE) a recommandé de stopper toutes les campagnes de vaccination ponctuelles pour que les pays puissent se concentrer sur la riposte à la pandémie de COVID-19, tout en poursuivant, autant que possible, la vaccination systématique. L’Initiative mondiale pour l’éradication de la poliomyélite (IMEP) a ainsi mis en pause toutes les campagnes de vaccination contre la poliomyélite.

    La vaccination de routine, notamment contre la poliomyélite, se poursuit pour l’instant dans la plupart des pays, mais dans les installations fixes, avec des directives strictes en matière d’hygiène et d’éloignement physique. Avec l’extension des mesures de confinement à l’échelle nationale dans les pays en développement, il est probable qu’un nombre croissant de programmes de vaccination systématique vont être temporairement interrompus. La suspension des actions de proximité, dans le cadre desquelles les agents de santé se rendent dans les communautés pour effectuer sur place les vaccinations de routine, aura probablement des conséquences immédiates sur la couverture vaccinale.

    Des épidémies de rougeole sont actuellement en cours dans plusieurs pays, dont la République démocratique du Congo (RDC) et la République centrafricaine. L’épidémie de RDC est actuellement la pire au monde, avec plus de 300 000 cas en l’espace d’un an et plus de 6 000 décès, soit près de trois fois plus de victimes que l’épidémie d’Ebola qui a récemment affecté le pays.

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